Page:Rosny - La force mystérieuse, 1914.djvu/94

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indice décelât les origines de la catastrophe, l’humanité se trouvait réduite à l’impuissance. Elle pouvait encore naviguer à la voile ou à la rame, atteler des chevaux à ses voitures, mais il lui était interdit d’allumer ces feux dont l’ancêtre sauvage goûtait la caresse rouge à l’orée des forêts, dans la plaine profonde ou sur la rive des fleuves.

Chose infiniment énigmatique : la vie se maintenait. L’herbe continuait à croître dans les prairies, le froment dans les emblavures, la feuille au bout des ramuscules ; la bête et l’homme accomplissaient leurs fonctions subtiles ; en somme, la chimie organisée semblait intacte. Pas tout à fait. Une teinte cuivreuse se mêlait aux verdures, la peau humaine se cendrait ; partout, les physiologistes percevaient un ralentissement des fonctions pigmentaires. L’émotivité aussi semblait décroître. Sans doute, une peur continue agitait les créatures, mais les « pulsations » de cette peur se décelaient moins violentes qu’au début. Parce que la menace atteignait tout le