Page:Rosny - Le Termite, 1890.djvu/136

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Noël n’osa refuser. La puissance de Chavailles l’arrachant d’un mot à des abîmes d’extase, fit grouiller en lui l’adage du « si près et si loin » des Arabes, Puis son pessimisme ergotant sur la menuité de tout bonheur, exclut l’idée de loin et de près. Il se mit debout, prêt à suivre.

— Tu peux venir si tu veux, cria le peintre à sa femme.

Elle se leva, lente. Les pensées de Servaise obliquaient à chacun de ses mouvements. L’aventure, de morose, devint aiguë, divinisée de toute une magie de mystère, d’une couvée de vieilles annales romantiques soudain ressuscitées en pleine grâce.

Armé de la lanterne jonquille, Chavailles guida la marche. Les rais se projetèrent en feuillets de cuivre sur le chemin, en cordelles de soufre, en cascatelles d’ambre, en flaques de chlore parmi les gramens et les arbrisseaux. Sortis du petit domaine, après avoir gravi un tertre, dépassé une seiglière, ils se trouvèrent à l’orée d’un bois :