Page:Rosny - Le Termite, 1890.djvu/138

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

masses légères, en troupeaux d’âmes sur la matérialité opaque des végétaux.

Cependant, un travail tardif et harmonique, souleva, très loin, la base des cieux derrière les nefs de Malvor, comme une ascension d’êtres écartant et reployant les cachemires impondérables de l’Orient. Un émoi léger, un exorde de lumière semblable, dans l’opacité, à l’éveil d’une aile de hibou dans le silence, monta aux entrefeuilles des futaies, parmi les tulles pâles où transparaissaient les astérismes. Des rouilles infiniment diluées se posèrent aux assises levantines. La vie parut, la face laineuse de l’astre. Les innombrables fils du rayon assaillirent le paysage, dardant entre les ramuscules, étreignant et engloutissant les fumées de l’ombre, posant des veilleuses parmi les chênes, sculptant les sagittaires de la mare, s’enfonçant et se répercutant sur la paresse des eaux verdâtres et la mélancolie des algues.

La lune silla vite, emportant et puis dé-