Page:Rosny - Le Termite, 1890.djvu/153

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Puis la manche s’épandait, large entraînante, hall d’étoffe à la claire lumière. Tout ému, Noël remontait au long du bras, il allait aux secrets lointains, aux splendeurs plus hautes, pour lui, que tout l’univers. Son sang le travaillait d’images plus hardies, de profanations de sanctuaire. Il fermait les yeux, dans l’ivresse des fleurettes s’assoupissant autour de lui après les labeurs du pollen.

D’un saut de la pensée, vaste et enveloppant comme le coup d’aile d’un condor, il planait sur le passé et l’avenir de la jeune femme. Constructeur d’histoires hypothétiques et inquiétantes, il l’imaginait allant à quelqu’un, ou s’étant jadis cédée. Était-elle fine, perfide, sinueuse comme la nue, ou plutôt n’avait-elle pas d’innombrables vulnérabilités, n’était-elle pas à la merci d’une audace ?

— Oh ! qu’elle ne soit pas à la portée d’une audace !

Tout au plus, la savait-il malheureuse, indolente, taciturne, et pour le reste l’igno-