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Page:Rosny - Le Termite, 1890.djvu/280

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de paresse il allait, après le crépuscule, dans le rêve de la cité, sur la vieillesse du terroir où son somnambulisme transmuait la vie en ombres. Toute forme entrait en lui sans qu’il y collaborât, d’elle-même allait se joindre aux terreaux, aux tissus, aux fibrilles où la genèse cérébrale enfante ses métamorphoses. À cet état passif correspondait un état nerveux lucide, le pouvoir d’emmagasiner beaucoup d’images « non regardées » qui se précisaient, disparates, dans un cortège hétéroclite, après des heures, des jours, des semaines.

C’était quelque arche de pont, les phosphorescences de la Seine entrelacées à une muraille démolie, des papiers de tenture sinistres où les traces d’humains demeuraient ainsi que le passage de coyotes sur une savane, avec les coudes des cheminées, les bronches noires où naguère circulait l’haleine houilleuse du feu ; des mauves trémières, entre des lances de fer rouge, sur un soleil de demi-couronne de glaives, une