Page:Rosny - Le Termite, 1890.djvu/78

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du dormassement vénérable d’un lac-fleuve, une terre est née, vierge et timide, adolescente aux arbres légers, savane-promontoire bordée des glaives du roseau, lagune tremblante où les dentelles de gramen et les laines du cryptogame abritent les bestioles peureuses.

Sur les feuilles rousses, sur les escadres de l’iris et du nénuphar, partout un réveil de prunelles, un frisson d’animalité inférieure. Mais la lueur des âges, une pure et très ancienne lueur, émerge par les peupliers et les saules, une grâce enlaceuse embaume les cimes et féconde l’alluvion des jeunes. Le sacre de l’amour, l’antique soupir des races neuves erre et domine, le miracle de la multiplication baigne la gravure, la joie d’enfantement et l’abondance sourd de chacune des hachures de la vieille encre jaunissante.

Servaise silla par les eaux libres de la gravure, par les havres du delta, sous la lueur des âges, où tous les « Veux-tu ? »