Page:Rosny - Variétés orientales, 1872.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Si l’on s’avisait de chercher dans les fables attribuées à l’affranchi de Jadmon de Samos l’élégance, la délicatesse, le fini des fables de l’affranchi d’Auguste, on ne réussirait sans doute pas mieux que si l’on s’efforçait de rencontrer dans Phèdre cette bonhomie qui donne tant d’attraits aux poésies de La Fontaine et qui désespérera toujours ceux qui seraient tentés, non de le surpasser, mais de le suivre et de l’imiter. En résulte-t-il qu’Ésope et Phèdre n’aient point leur genre de mérite ? L’auteur de l’Hitopadésa, il est vrai, ne saurait être mis au rang de ces fabulistes de premier ordre, mais il mérite une place distinguée dans la phalange où figurent les Bidpaï, les Vartan, les John Gay, les Moore, les Iriarte, les Festus-Avienus, les Pignotti, les Roberti, les Passeroni, etc.

Dans les fables du pandit Nârâyana, les caractères sont généralement bien tracés, et les discours des animaux mis en scène, s’ils étaient plus courts, ne manqueraient pas d’un certain attrait, provenant surtout des pointes qui y sont parsemées et des préceptes de morale, parfois assez burlesques, qui en font généralement les thèmes.

Je ne saurais donner une idée plus exacte des fables indiennes qu’en analysant une de celles qui composent l’Hitopadésa. Je prendrai, par exemple, le Corbeau, sa Femelle et le Serpent, dont je reproduirai textuellement quelques passages, d’après la traduction de M. Édouard Lancereau, et je lierai entre eux, par une courte analyse, les parties que j’ai cru devoir omettre, afin de ne point sortir des bornes tracées pour cette notice.

Voici comment notre auteur entre en matière :