Page:Rosny aîné – Daniel Valgraive, 1891.djvu/164

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Gravière…, un grand saule de Babylone se couvrait d’un clair-obscur de dentelles…, ta robe avait la même nuance que celle-ci…, et jamais je n’ai connu si purement la joie d’être au monde…

Il avait de cette scène un souvenir virginal, la volupté d’un accord très exquis de jeunes âmes, d’une minute aussi suave dans l’ordre de l’esprit que les harmonies de Bach dans la musique embryonnaire de son époque. Clotilde n’avait aucune mémoire de la scène, mais elle sourit de ce qu’il se souvînt de la nuance de sa robe. Comme il arrive, sans être en consonnance avec Daniel pour ce souvenir-là, elle fut pourtant sensible à l’évocation, d’elle-même en chercha d’autres :

— Te rappelles-tu, Daniel, ce soir où nous nous sommes égarés, dans un