Page:Rosny aîné – Daniel Valgraive, 1891.djvu/217

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similaire à la tranquillité étincelante d’un lac sur un plateau. La vie était langoureuse et pourtant très forte. La lassitude des feuilles mi-sèches ne semblait pas la mort. Et tout à coup Daniel dit les mots du sacrifice, graves, tranquilles, comme il avait souhaité de les dire :

— Je te donne, Hugues, ma femme et mon enfant…, afin que tu sois leur abri dans ce monde, afin que ton amour préserve l’une de la misère des chutes, et l’autre de la destinée des orphelins…

— Ah ! Daniel…

Hugues tremblait de tous ses membres. Il vit la beauté d’âme de son ami ; il l’admira avec ferveur et respect. En même temps, il était remué au tréfonds des nerfs. Il ne trouva aucune phrase. Sa bouche était serrée et convulsive, ses mains pâles comme son visage, son