Page:Rosny aîné – Daniel Valgraive, 1891.djvu/29

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frêles, Daniel avait eu de bonne heure le sentiment d’une dégénérescence. Imbu du principe que tout rêveur excessif décèle de la vieillesse et de l’inaptitude à croître, comme ces peuples décrépits dont l’orgueil est à l’arrière des siècles, il avait lutté douloureusement pour vivre dans l’entour, pour fuir son « moi. » Chagriné, assombri par de perpétuelles rechutes vers la solitude, vers des choses lues plutôt que vues, à la longue était née une haine presque morbide contre le sens intime, une impression de vide et de ténèbres lorsqu’il plongeait en lui-même.

Mais combien cette horreur avait crû depuis les paroles de Beaujon ! Combien, lorsque les lois de son organisme, après des efforts, des labeurs, le ramenaient à se plonger frileusement en soi-même, il