Page:Rosny aîné – Daniel Valgraive, 1891.djvu/37

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par un reptile ; il s’entendit avec terreur dire à mi-voix :

— Cet homme n’a plus un an à vivre !

Il observa frileusement les flammes de ses bougies, tremblantes parmi les fruits du dessert, basculant des ombres fantasques. Soudain ces ombres parurent s’immobiliser. Daniel ne perçut plus les rumeurs de la salle. Ce fut un silence profond et vaste. Les cinq minutes suivantes furent comme une période incommensurable. L’esprit de Valgraive s’effondra, s’immergea dans un sentiment presque unique, toutes ses idées cristallisées autour, immobiles. C’était l’œuf du Chaos, le Sépulcre avant la Vie, le Néant préétabli, incommensurable et solide. Il n’y entendait plus ses artères, la peau froide