Page:Rosny aîné – Daniel Valgraive, 1891.djvu/38

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et l’œil immobilisé sur une pointe de couteau.

Un son intermittent y naquit, un va-et-vient d’insectes, il regarda les pénombres comme un herbivore craintif explorant des buissons nocturnes. Le Péril plana, puis la Navrance, le Précaire, l’Abandon :

— Ah ! l’Abandon !

De sa peau, le gel pénétra ses organes, une haleine glaciale passa sur la table. Il songea les banquises, la taciturnité polaire, une très longue lueur descendant du soleil lointain sur la déclivité des latitudes :

— Il faut marcher très vite pour que le froid ne descende pas au cœur !

Et, machinalement, il se leva, il étendit la main. Ce mouvement l’éveilla. Des larmes d’angoisse filtrèrent entre ses cils.