Page:Rosny aîné – Daniel Valgraive, 1891.djvu/55

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L’amour, sous ses formes funèbres, mordit Daniel, un infini désir que Clotilde ne fût qu’à lui, qu’aucune étreinte mâle n’entourât, après sa mort, la femme avec laquelle il avait goûté les suavités de la tendresse. En mille poses, il la revit, dominatrice de son univers, superposée à la splendeur des éléments, à la douceur des nuits d’été, aux croissances du printemps, aux morts fastueuses d’Octobre, à l’Éclosion, à la Croissance, à la Beauté, à l’Harmonie, aux voix secrètes de la substance éternelle…

À travers cette crispation de supplice, il continua de raisonner, il se répéta que la fatalité des choses amènerait Clotilde à se remarier, que sa nerveuse et capricieuse nature était aux antipodes de celles qui languissent dans un éternel veuvage. Et alors, pourquoi pas l’ami