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Page:Rosny aîné - Au château des loups rouges, 1929.djvu/30

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— Elles cherchèrent quelque temps le sentier de traverse qui y conduisait. Une petite brise s’était élevée. Elle se plaignait dans les feuillages ou bien ressemblait à des voix chuchotantes ; quelquefois, on eût cru entendre des pas ; Denise s’arrêtait, le cœur palpitant.

— C’est rien ! affirmait la servante. Ils n’ont pas encore eu le temps. Du moment qu’ils ne nous ont pas surprises à la sortie, nous avons un bon quart d’heure d’avance.

Ces paroles rassuraient un moment Denise. Elle se hâtait ; chaque pas lui semblait un peu de délivrance.

Une lueur vague se répandit dans la futaie, on eut le sentiment d’une arrivée mystérieuse ; au fond, à moitié perdu dans les frondaisons, un orbe écorné, énorme et écarlate, monta doucement. Une sorte de ravissement peureux saisit la jeune fille, comme si la nature venait à son secours.

Elles parvinrent à la limite du parc. Une prairie inculte, pleine d’herbes sauvages, le