Page:Rosny aîné - La Femme disparue, 1927.djvu/11

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papier fané, à l’encre rousse, à je ne sais quoi d’humble, de gauche et d’hésitant. Francisca la parcourut avec une sorte de mysticisme :

— Que de fois je l’ai relue !

Une pénombre s’était faite ; on n’apercevait plus un rais de soleil. L’immobilité devint si complète qu’on eût cru que toute vie avait disparu. Et alors on entendit une détonation sèche et stridente…

Le cheval fit un bond : le cocher scrutait des yeux la route, les blocs et les sous-bois. Une deuxième détonation retentit, vite suivie d’une troisième. Atteint au crâne, le cheval s’abattit. Francisca put voir vers sa droite deux têtes masquées de toile, tandis que, sur la route, un homme trapu, masqué aussi, barrait le chemin.

Cependant, le cocher Marcel, d’abord abasourdi, reprenait son sang-froid. Ce n’était pas un lâche. Prêt à défendre sa vie, il fouilla dans un renfoncement, à l’arrière du siège, et en tira un revolver. Les deux têtes disparurent, tandis que le personnage de la route se jetait derrière un arbre.