Page:Rosny aîné - La Femme disparue, 1927.djvu/161

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son travail. Après avoir bien tendu l’oreille, il se tourne, il marche délibérément vers le bloc, la carabine prête, la prunelle attentive. Après tout, l’autre ne peut tirer sans se découvrir, et s’il se découvre il lui faudra un moment pour viser et tirer…

À mesure qu’il avance, Martin se rassure. Quand il n’est plus qu’à une vingtaine de mètres de la pierre, son âme brutale n’a plus de crainte : tout doute s’évanouit ; l’adversaire a succombé ou est réduit à l’impuissance. Toutefois, Martin ralentit ; son arme est épaulée ; à la moindre alerte, il n’aura qu’à tirer, comme il a cent fois tiré sur la bête débusquée. Le voilà à dix pas, à cinq pas… Une dernière fois, il s’arrête… Quelque chose a bougé. Une forme vague surgit, Martin tire et tout soudain se sent pris aux jambes, trébuche et s’étale.

Avant qu’il ait le temps de se reconnaître, une poigne s’abat sur sa gorge :

— Hein ! Peau pour peau, ricane l’errant.

Et d’un coup de poing énorme, en plein nez, il étourdit le drille :