Page:Rosny aîné - La Femme disparue, 1927.djvu/160

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tête de l’adversaire, le sentiment de son adresse, tout dispensait au braconnier une conviction parfaite. D’autre part, il ne soupçonnait pas la ruse qui l’avait leurré ; ce n’était pas une ruse selon sa manière. Il ne l’avait jamais vue pratiquer et, peu imaginatif, ne tenait compte que de son expérience — expérience variée d’ailleurs et abondante. Tout de même, il se méfiait, par nature d’abord, par habitude ensuite.

— Est-ce qu’il est mort ? Est-ce qu’il est seulement blessé ?

Aucun bruit. Par intervalle, un souffle si faible qu’il fait à peine frémir la broussaille… Martin songe au cri qu’a poussé le rôdeur. Si la blessure avait été légère, il n’aurait pas fait entendre une telle plainte… Il doit être mort, évanoui ou trop faible pour combattre.

— Faut en finir ! grommelle le malandrin.

Il se dresse, il fait un premier pas, non vers la pierre, mais dans la direction opposée. Puis, il hésite, Le sentiment qui l’entraîne est trop complexe pour qu’il y réfléchisse : il veut voir