Page:Rosny aîné - La Femme disparue, 1927.djvu/168

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ture ronde ; l’homme et le chien s’y engagèrent et retrouvèrent la voie libre. Une impatience intolérable tenait Michel. Aussi capable de ruse que Martial, il n’avait pas ce tempérament sauvage qui comporte une patience sans bornes. Il continuait à fouiller l’ombre des rais de sa lanterne, il galopait sur le sol calcaire, et même il oubliait de contenir Dévorant. La bête, entendant galoper le maître, crut que c’était le moment de la bataille et bondit frénétiquement…

Soudain, au fond, devant une muraille pâle, le fugitif se profila. Coup sur coup, quatre détonations se suivirent. Dévorant s’éleva en foudre. Mais l’autre attendait cette attaque. Avec un ricanement étrange, il tendit son poing enveloppé d’une étoffe épaisse, s’effaça, frappa. Son propre élan, accru par le coup de l’homme, emporta la bête. Elle disparut dans un trou d’ombre, avec un long hurlement.

Michel arrivait. Il arrivait comme un grand fauve. Rien ne pouvait l’arrêter ; la ruse semblait désormais vaine : comment se retrouver dans l’ombre sans le flair infaillible de Dévo-