Page:Rosny aîné - La Femme disparue, 1927.djvu/185

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Costanza, la lèvre moustachue, le teint safrané, les mouvements tour à tour engourdis et agiles, avait au repos une face extatique et, lorsqu’elle s’animait, un masque où se mêlaient étrangement la tendresse et l’inquiétude. Elle semblait n’avoir guère de vie individuelle, tellement elle rapportait ses actes et ses sentiments à sa nièce. On connaissait, dans les familles de Escalante, de Gamboa et de Canelo, le dévouement généreux de cette femme, qu’un amour baroque et malheureux avait maintenue dans le célibat, en dépit d’un inextinguible besoin de maternité.

Doña Micaëla, selon les fluctuations de l’enquête, passait de l’affliction à l’espérance. Cette jeune femme gardait en partie les dons séduisants de l’enfance ; elle vivait presque uniquement dans le présent, tout de suite hypnotisée par une image ou un fait nouveaux. D’ailleurs, son affection pour Francisca était vive. Costanza, dont les impressions s’espaçaient davantage, suivait les événements avec une « nonchalance » attentive ». Il ne semblait pas qu’elle