Page:Rosny aîné - La Femme disparue, 1927.djvu/253

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bres, de la minute où elle avait senti le frôlement de la mort, de sa fuite dans la barque cachée parmi les roseaux, de son attente à la Crevasse aux Mésanges… Mais les sensations terribles avaient disparu : elle ne pouvait se rappeler qu’infidèlement son épouvante, sa fièvre et son désespoir. De tant d’épreuves, il restait la jeunesse, la beauté, la féerie de l’heure et les vœux incertains qui fleurissent au fond des âmes comme les stellaires dans les forêts. Elle contemplait avec ivresse la petite Rosario, revenue aussi mystérieusement que si elle sortait du pays des Ombres.

Les rêves de Michel avaient plus de rudesse, Son amour était en lui comme un fauve. Le grand garçon scrupuleux s’effarait d’aimer Francisca, et le problème ne pouvait se résoudre qu’en étranglant le fauve ou en prenant honnêtement la fuite.

Simone s’abandonnait à la fable du présent, elle laissait aller et venir ses pensées qui n’aspiraient pas au lendemain ; elle n’était pas inquiète non plus du sort des autres. De son