Page:Rosny aîné - La Femme disparue, 1927.djvu/29

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Après une vingtaine de minutes, la futaie se raréfia, les chênes disparurent, les hêtres s’espacèrent ; il se présenta une surface plantée d’herbe et de broussailles. Au fond, parmi des saules, des peupliers, des roseaux, on discernait le lac des Chevreuils.

Francisca poussa un grand soupir, mais c’était un soupir de joie. Le moment approchait où elle allait sortir de ce cauchemar. Rien n’annonçait que les poursuivants fussent proches et elle apercevait la crique à demi cachée par les roseaux. Dans le canot, Francisca serait sauve : le lac s’étendait très loin à droite et à gauche, tandis qu’un promontoire avançait sa pointe et raccourcissait la traversée :

— Il était temps ! balbutia-t-elle,

Ses forces faiblissaient ; elle avait la poitrine rompue et ses jarrets commençaient à fléchir, Elle rassembla ses dernières énergies et, en moins d’un quart d’heure, elle atteignait la crique. Là, ses prunelles se dilatèrent et elle ne put arrêter une plainte : la crique était vide,