Page:Rosny aîné - La Femme disparue, 1927.djvu/38

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rivales, jadis humbles, prenaient de l’envergure.

La route participait au destin des villages. Les charretiers l’avaient abandonnée. Malgré les ponts et chaussées, elle produisait des herbes et des mousses qui, dans maints endroits, pouvaient dénoncer le passage récent d’une voiture. Auguste finit par déchiffrer leur langage :

— Possible, mademoiselle, que madame revienne par ici. Mais sûrement elle n’y a pas passé ce tantôt.

Il épia la longue surface droite. Les frondaisons formaient une manière d’ogive ; on ne percevait que la solitude.

— En tout cas, reprit-il, la voiture serait loin ! J’ai pas l’idée que nous faisons de bonne besogne.

Simone jetait d’ardents regards à travers la nef forestière.

Le soir approche. On distingue les forges du crépuscule, Des feux de cuivre et de soufre s’allument sur des lacs d’améthyste ; il s’élève des vapeurs étranges ; de grosses gouttes d’or