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Page:Rosny aîné - La Jeune vampire, 1920.djvu/29

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LA JEUNE VAMPIRE

seille, qui, à chaque sourire, montrait des fossettes assez profondes pour y fourrer des billes.

— Par Dieu et le général Kitchener ! s’exclama-t-il, vous ne m’avez pas mystifié ? La jeune lady est bien vivante ?…

— Elle est vivante, répondit James.

— David ! cria le neurologiste, il y a de quoi rendre malades de joie tous les occultistes de l’empire… Mais je n’en croirai rien jusqu’à ce que je l’aie vue… Est-elle faible ? ajouta-t-il en s’adressant à James.

Le jeune homme eut un geste évasif.

— Elle doit être plus faible qu’une mouche en novembre, affirma Coleman. Et, vous voyez, j’ai apporté des provisions.

Il montrait David, et surtout la demoiselle mafflue.

— Un vrai petit tonneau de sang ! grommela-t-il. Il m’a paru hier que notre intéressante malade montrait un peu de répugnance à s’abreuver chez notre ami David… De la pudeur, hé ? Sans doute préférera-t-elle un liquide féminin… By Jove ! Annie ne regardera pas à quelques rasades !

— Je ne crois pas qu’Evelyn en ait besoin, fit James avec contrainte.

Percy lui jeta un coup d’œil soupçonneux.

— Vous n’avez pas pris les devants ! s’exclama-t-il d’un ton de reproche.

— Je l’aurais fait si cela avait été utile… Mais…

— Bon ! Bon !… ricana Coleman… Nous allons tirer ça au clair.

Il avait froncé les sourcils ; mais, dès qu’il vit Evelyn, son visage s’épanouit.

— Bonjour, mon joyeux phénomène, ma délicieuse anomalie ! dit-il. Que votre cœur soit béni !

Il s’approcha, de l’air d’un pêcheur qui craint de voir s’échapper quelque poisson extraordinaire, et il tâta doucement le poignet de la jeune femme…

— Soixante-seize ! s’exclama-t-il après un silence… Un pouls aussi régulier et aussi sain que mon chronomètre…