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LA JEUNE VAMPIRE

Les battements du cœur et le souffle ne se décelèrent pas moins réguliers. Percy le constatait avec un mélange de satisfaction et d’inquiétude.

— Awful ! Elle est absurdement normale, ce matin… Et puis, ce teint… Où a-t-elle chipé ce teint ?

Peu à peu, son visage se renfrognait. Il se renfrogna davantage quand il eut terminé l’examen.

— C’est stupide ! On dirait la première venue…

— En tout cas, remarqua David, elle a l’air diablement affaiblie.

Cette observation fit reparaître un sourire d’espoir sur les lèvres de Coleman.

— C’est juste, fit-il en se frictionnant les paumes. Il est même grand temps de lui rendre des forces.

Il se pencha d’un air aimable.

— Préférez-vous David, ou bien Annie ?

Une vive rougeur couvrit les joues d’Evelyn.

— Ni l’un ni l’autre ! chuchota-t-elle.

— Ni l’un ni l’autre ! Vous perdez la tête, se fâcha Coleman. Je vous dis que vous avez besoin de vous restaurer… Annie, ma bonne fille, apportez-nous votre bras. Annie produisit un bras rond, dodu et rose.

— Frais comme une source et sain comme l’air des Highlands ! fit Percy d’une voix insinuante… Ah ! ah ! vous allez vous en donner des forces !

Mais Evelyn détournait la tête.

— Elle ne peut plus ! intervint James, qui, afin d’affermir encore ses convictions, avait assisté à la scène sans rien dire.

— Comment ! Elle ne peut plus ! clama le neurologiste, dont le visage devint pourpre. Est-ce que vous vous moquez de Percy Coleman ? Est-ce que je peux répondre de sa vie si elle persiste dans son absurde refus ?

Il y eut un silence. Coleman se promenait de long en large, les yeux phosphorescents. James attendait, avec le désir d’une solution définitive, tandis que David et Annie gardaient l’attitude ruminante de deux jeunes Anglo-Saxons