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La jeune vampire


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— Il y a quelque chose de vrai dans toutes les croyances persistantes des hommes, fit Jacques Le Marquand… j’entends les croyances qui ont rapport à des faits précis et souvent répétés.

— Alors, la sorcellerie…

— Dans son ensemble, je la nie, parce qu’elle énonce trop de faits imprécis et aussi parce qu’elle varie immodérément. Mais la science actuelle use de mainte pratique propre aux sorciers et aux sorcières : par suite, il est ridicule de nier que la sorcellerie ait reposé, du moins partiellement, sur une base expérimentale… Je n’insiste point… parce que j’ai mal étudié la matière. Mais que diriez-vous si je vous affirmais l’existence d’un phénomène comme le vampirisme ?

— La science ne le nie pas, s’écria Charmel avec goguenardise. Elle le transpose seulement de l’homme à une espèce de chauve-souris…

Jacques Le Marquand haussa les épaules et continua :

— J’ai connu une vampire… dans le quartier d’Islington, à Londres, de 1902 à 1905. Et j’ai appris dernièrement qu’elle vit encore. Elle est mariée d’ailleurs… elle a même quatre enfants…

— Qui seront de petits vampires ! interrompit gravement Charmel.

— Le vampirisme ne semble pas héréditaire, riposta Le Marquand avec plus de gravité encore. La jeune personne dont je vous parle était la troisième fille de mister et mistress Grovedale et elle se distinguait de ses sœurs parce qu’elle