Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/102

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ne redoutait ni le minéral, ni les ferromagnétaux, elle redoutait de voir surgir des hommes inconnus, des hommes qui viendraient du fond de l’immensité inhabitable… Et cet étrange ressouvenir de l’antique instinct la faisait parfois sourire, mais, parfois aussi, lui donnait un frisson, surtout lorsque le soir posait ses ondes noires sur l’Équatoriale des Dunes.

Targ et sa compagne sillaient vertigineusement dans la mer aérienne. Ils aimaient la vitesse. Tant de voyages n’avaient pu éteindre la joie de défier l’espace. La sombre planète était comme vaincue. Ils voyaient s’avancer ses plaines sinistres, ses âpres rocs, et les monts semblaient se précipiter sur eux pour les anéantir. Mais, d’un geste menu, ils triomphaient des abîmes et des pics formidables. Effrayantes, flexibles et soumises, les énergies chantaient tout bas leur hymne ; le mont était franchi, les planeurs légers redescendaient vers les déserts où, vagues, tardifs, pesants, évoluaient les ferromagnétaux. Qu’ils semblaient pitoyables et dérisoires ! Mais Targ et Arva connaissaient leur force secrète. C’étaient les vainqueurs. Le temps était devant eux et pour eux, les choses coïncidaient avec leur volonté obscure ; un jour, leurs descendants produiraient des pensées admirables et manieraient des énergies merveilleuses…

Targ et Arva résolurent d’aller d’abord jusqu’aux Terres-Rouges. Leur âme s’élançait vers