Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/103

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l’ultime asile de leurs semblables, dans un désir passionné, où il y avait de la crainte, de la détresse, un amour profond et chagrin. Tant que les hommes persisteraient là-bas, il y aurait je ne sais quelle subtile et tendre promesse. Quand ils auraient enfin disparu, la planète semblerait plus lugubre encore, les déserts plus hideux et plus vastes.

Après une courte nuit passée sur un des relais, les voyageurs eurent, par la voie du planétaire, une causerie avec Érê et les enfants : c’était moins pour se rassurer que pour rejoindre la famille à travers l’espace. Ensuite, ils sillèrent vers l’oasis. Ils y parvinrent avant le milieu du jour.

Elle semblait immuable. Telle ils l’avaient quittée, telle elle se profilait au foyer de leurs oculaires. Les demeures d’arcum miroitaient au soleil, on apercevait les plates-formes des ondifères, les remises des motrices et des planeurs, les transformateurs d’énergie, les machines colossales ou délicates, les appareils qui puisaient naguère l’eau aux entrailles du sol et les champs où poussèrent les dernières plantes… Partout demeurait l’image de la puissance et de la subtilité humaines. Au premier signal, des forces incalculables pouvaient être déchaînées, puis asservies, d’énormes travaux accomplis. Tant de ressources demeuraient aussi inutiles que la palpitation d’un rayon dans l’éther infini ! L’impuissance de l’homme était dans sa structure même : né avec l’eau, il s’évanouissait avec elle.