Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/107

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Sa main se souleva et retomba lentement. Ses lèvres frémirent. Une dernière onde agita sa chair. Enfin, ses membres s’allongèrent et elle s’éteignit aussi doucement qu’une petite étoile au bas de l’horizon.

Ses quatre compagnons la considéraient avec une tranquillité heureuse.

L’un d’eux murmura :

— La vie n’a jamais été désirable…, même au temps où la terre voulait la puissance des hommes…

Frappés d’horreur, Targ et Arva gardèrent longtemps le silence. Puis, ils enveloppèrent pieusement celle qui, la dernière, avait représenté le Futur aux Terres-Rouges. Mais ils n’eurent pas le courage de rester avec les autres. La certitude absolue de leur mort les remplissait d’épouvante.

— Partons, Arva ! dit-il doucement.

— Aujourd’hui, disait le veilleur, tandis que son planeur volait de conserve avec celui d’Arva…, nous sommes vraiment, nous et les nôtres, la seule, la dernière chance de l’espèce humaine.

Sa compagne tourna vers lui un visage plein de larmes.

— Malgré tout, balbutia-t-elle, c’était une grande douceur de savoir qu’on vivait encore aux Terres-Rouges. Que de fois cela m’a consolée… Et maintenant, maintenant !

Son geste montrait l’étendue implacable et les lourdes montagnes de l’Occident. Elle eut un cri d’abandon :