Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/112

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milieu, accrocha l’appareil et se précipita… Une plainte jaillit de sa poitrine. De l’autre côté de la route, contre le talus vertical, – ce qui l’avait rendue invisible, – gisait Arva. Elle était aussi pâle que la femme qui, naguère, aux Terres-Rouges, avait succombé à l’euthanasie ; Targ vit avec horreur un grouillement de ferromagnétaux – des Tertiaires de la plus grande taille – se presser autour d’elle…

En deux gestes, Targ accrocha son échelle d’arcum, puis, descendant auprès de la jeune femme, il la prit sur son épaule et remonta.

Elle n’avait pas remué ; sa chair était inerte et Targ, agenouillé, essaya de surprendre la palpitation du cœur. En vain. La mystérieuse énergie qui rythme l’existence semblait évanouie…

Avec tremblement, le veilleur posa l’hygroscope sur les lèvres de la jeune femme. Le délicat instrument décela ce que l’ouïe n’avait pu découvrir : Arva n’était pas morte !

Mais son évanouissement était si profond, sa faiblesse si grande, qu’elle pouvait mourir d’une seconde à l’autre.

La cause du mal apparaissait évidente : elle était due, sinon uniquement, du moins pour la plus large part, à l’action des ferromagnétaux. La singulière pâleur d’Aria annonçait une excessive déperdition d’hémoglobine.

Heureusement, Targ ne voyageait jamais sans emporter les instruments, les stimulants et les