Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/114

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

une émotion terrible l’agita. Il répéta les signaux, il leur donna le maximum d’intensité. Et il devint manifeste qu’Érê et les enfants étaient, pour quelque cause énigmatique, ou dans l’impossibilité d’entendre ou dans l’incapacité de répondre. Les deux termes de l’alternative étaient également menaçants ! Des liens sûrs existaient entre l’accident d’Arva et le silence du planétaire.

Une crainte intolérable rongeait la poitrine du jeune homme… Les jarrets tremblants, et contraint de s’appuyer contre le support du grand planétaire, il fut incapable de prendre une décision. Enfin, il se détacha, morne et résolu, examina avec une attention anxieuse tous les organes de son planeur, assujettit Arva sur le plus grand des sièges et prit son vol.

Ce fut un voyage lamentable. Il ne fit qu’une seule halte, vers le crépuscule, pour tenter encore un appel. Rien n’ayant répondu, il enveloppa étroitement Arva dans une couverture de silice laineuse et lui injecta une dose du cordial, plus massive que les premières. À peine si, dans la profondeur de son engourdissement, elle eut un faible frisson.

Toute la nuit, le planeur fendit les ténèbres étoilées. Le froid étant trop vif, Targ contourna le mont Squelette. Deux heures avant l’aube, les constellations australes apparurent. Le voyageur, avec un battement de cœur, considérait tantôt la croix tracée sur le Sud et tantôt cet astre brillant,