Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/117

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essaya de se figurer la catastrophe. Était-ce une nouvelle secousse planétaire ? Non ! aucun sismographe n’avait enregistré le moindre trouble. D’ailleurs, à part quelques hectares de l’oasis et du désert, l’enclave seule se trouvait atteinte. L’événement se ramenait aux circonstances antérieures : le sous-sol, fracturé, s’était rompu. Ainsi, le malheur qui ruinait la suprême espérance n’était pas une grande convulsion de la nature, mais un accident infinitésimal, à la taille des faibles créatures englouties.

Pourtant, Targ croyait y voir transparaître la même volonté cosmique qui avait condamné les Oasis…

Sa douleur ne le laissait pas inactif. Il scrutait les ruines. Elles ne laissaient apercevoir aucun vestige d’œuvre humaine. Accumulateurs d’énergie, machines à fouir, à perforer, à cultiver, à broyer, planeurs, motrices, maisons, disparaissaient dans une masse informe de rocs et de pierres. Où étaient ensevelis Érê et les enfants ? Les calculs ne permettaient qu’une approximation grossière et peut-être décevante : il fallait agir au hasard.

Targ assembla, vers le Nord, les appareils utiles pour les déblais et le creusement, puis, ayant condensé l’énergie protoatomique, il attaqua l’immense fosse. Pendant une heure, les machines ronflèrent. Les crics soulevaient les blocs et les