Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/120

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avait pu se faire du péril. Il ne lui vint que des sensations et des idées contradictoires. Une seule impression demeurait fixe : c’est que l’instinct devait conduire la famille près du planétaire des Terres-Rouges. C’est donc vers là qu’il était logique de se diriger. Mais comment ? Érê était-elle parvenue au Grand Planétaire, ou avait-elle succombé en route ? Les mots balbutiés par Arva revinrent à la mémoire du veilleur. L’événement leur donnait un sens. Érê ou l’un des enfants, peut-être tous, étaient, presque sûrement, parvenus jusque-là. Il fallait donc y reprendre le travail au plus vite, ce qui n’empêcherait pas d’amorcer une galerie de communication.

Sa résolution prise, Targ leva la porte d’entrée et tenta une exploration rapide. Mais les blocs et la pierraille lui opposaient un obstacle infranchissable. Il ressortit par le toit et remit en mouvement les machines du Sud-Ouest. Ensuite, il disposa les appareils du Nord et leur fit entamer la galerie. Il s’occupa aussi d’Arva, dont la léthargie prenait peu à peu les apparences du sommeil normal.

Puis, il attendit, vigilant, les yeux fixés sur les rouages dociles. Parfois, il rectifiait leur travail d’un geste furtif ; parfois, il arrêtait un pic, une lame, une hélice, une turbine, pour examiner le terrain. À la fin, il aperçut, tordue et bossuée, la haute tige du planétaire et la conque étincelante. Dès lors, il ne cessa de diriger l’énergie. Seuls, fonctionnaient les organes subtils qui, selon l’oc-