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Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/138

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CONTES. — PREMIÈRE SÉRIE

sorte de clou sans tête fiché obliquement dans la tempe gauche. Point de sang. Une fine éraflure rasait le sourcil droit.

Cette nuit même, on visita les loges. Le mouvement des torches dans l’ombre de la cour fut une fête pour les fous. Il ne se trouva personne d’aussi calme que la folle. Elle dormait. Elle s’éveilla avec un sourire superbe. Ses yeux furent éblouissants à la lumière rouge des flambeaux, et pleins d’une joie profonde, d’une sérénité transparente. Comme le directeur entrait, elle poussa son front hors de son lit, en rejetant sa ruisselante chevelure.

— Je l’ai ! Je l’ai ! cria-t-elle.

Le directeur faillit sourire, malgré son ennui. Il regarda la face reposée, la paix enfantine de la jolie créature.

— Elle a bien dormi ! murmura cet homme expérimenté.


Londres, novembre 1875.