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CONTES. — PREMIÈRE SÉRIE

sociation dans sa maison… du quinze, du vingt pour cent.

Il se tut, plein d’amertume. Mme Ramières réfléchissait, éperdue. C’est vrai que c’était le sauvetage et pour toute la vie. La maison Hugo-Lambert était quelque chose d’aussi solide, en son genre, que la Banque de France. D’ailleurs, tout autour, une famille richissime dont Hélène devait hériter un jour.

— Ah ! soupira-t-elle… si nous les avions !

— Mais nous ne les avons pas, fit-il durement. Ils les avaient possédés, cependant, et même plus du double. C’est par Louis qu’ils avaient disparu. Il avait vécu sept années formidables. Rien n’avait pu modérer sa fougue, et comme elle était incroyablement faible, même un peu imprévoyante, Mme Ramières n’avait rien su lui refuser.

Quand il admit — car il s’était longtemps obstiné à croire que sa mère lui cachait des ressources — quand il admit, vaincu par l’évidence, que la ruine était proche, il eut un coup de désespoir. Ce désespoir le mena au jeu. Pendant plusieurs mois, il vécut en halluciné, sûr qu’il allait rattraper la fortune perdue. Puis, ce fut la fin, il n’y eut plus d’argent liquide, plus même de bijoux précieux. Rien ne demeurait qu’une rente viagère, dont le capital était incessible jusqu’à la mort de Mme Ramières,

Cela l’avait dégrisé ; il avait soudain montré de