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Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/154

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CONTES. — PREMIÈRE SÉRIE

Des hurlements de blessés s’élevèrent de part et d’autre… Et cela dura une demi-heure. Six de nos hommes étaient ou morts ou invalides ; nous avions à coup sûr atteint un certain nombre de nos agresseurs.

Brusquement, ceux-ci chargèrent : ils pouvaient être huit. Nous tirâmes en hâte quelques cartouches, puis nous nous dressâmes pour le choc : nous étions en ce moment quatre contre six. Les revolvers bruirent, les longs bowies entrèrent dans les ventres. En fin de compte, je me trouvai acculé contre le roc, devant trois adversaires. J’étais blessé ; mon sang coulait par des plaies nombreuses ; je frappais au hasard. Et, ayant encore abattu un homme, je me sentis saisi, jeté contre le sol ; une lame troua ma poitrine ; au moment de m’évanouir, j’entendis une dernière détonation…

Naturellement, je n’ai pas la moindre idée du temps qui s’écoula entre la seconde où je perdis le sens et la seconde où je rouvris les yeux. D’abord, je ne vis pour ainsi dire rien du tout. Un brouillard flottait sur ma rétine. Puis, je discernai le feuillage d’un pin, là-haut, puis des rocs rouges et enfin un homme, à ma droite, penché, qui me considérait.