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Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/155

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MON ENNEMI

All right ! dit cet homme avec flegme.

Je reconnus les yeux d’outremer et la barbe havane de Jim Charcoal, mon ennemi. Cela me fut très désagréable. Dans mon état de faiblesse, je m’imaginai que le compagnon n’était là que pour me donner le coup de grâce.

— Faites vite ! lui dis-je.

— Vite ! s’exclama-t-il. Rêvez-vous, camarade ?

Il avait une sorte de sourire, débonnaire et victorieux. Et me prenant la main :

How are you ? fit-il. Damnément faible, je calcule ?

C’est vrai que j’étais un peu faible, mais en somme je ne me sentais pas mal. Un immense étonnement bouleversait ma cervelle ; je murmurai :

— Que faites-vous ici, Jim ?

— Vous le voyez bien, répondit-il avec bonhomie. Je vous soigne, en même temps que ces fellows, là-bas. Vous en avez tous eu pour vos pépites… sans compter ceux qui ont rincé leur tasse !

— Bon ! repris-je. Mais vous n’étiez pas avec eux ?

— La preuve ! ricana-t-il, en me montrant deux cadavres qui gisaient à quelques yards. Ce sont ceux qui allaient vous faire votre affaire et que ce bon rifle-là a envoyés régler leur note avec le Créateur !

— Jim ! m’écriai-je. Ce n’est pas vrai ! Vous ne m’avez pas sauvé ?