Aller au contenu

Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/156

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
142
CONTES. — PREMIÈRE SÉRIE

Il hocha lentement la tête. Tout à coup, il y eut en moi une joie frénétique et une telle tendresse que ce serait folie d’y comparer n’importe quelle sorte d’amour. Je saisis la main de Jim dans les miennes et j’y collai mes lèvres. Lui s’était mis à rire. Il était aussi ému que moi ; un bonheur extraordinaire luisait sur sa face tannée. Pour lui aussi c’était quelque chose comme le recommencement du monde. Et il était tout à fait inutile que nous nous disions que désormais nous serions beaucoup plus que des frères l’un pour l’autre.



Voilà ce que c’est que d’avoir un bon ennemi ! acheva Durville… Quant aux camarades, on réussit à en guérir cinq. Les quatre autres restèrent de l’autre côté du monde. Trois bandits étaient morts aussi. Sept demeuraient prisonniers, plus ou moins salement blessés : nos jeunes hommes firent comme ils avaient résolu. Les rascals furent enduits de pétrole et de térébenthine, puis déposés sur un bûcher de sapin. C’était vers la fin du crépuscule. Le feu prenait mal ; des cris épouvantables se prolongeaient sur la face du désert, tandis que les étoiles ouvraient leurs petites corolles tremblotantes.