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CONTES. — PREMIÈRE SÉRIE

Donnez enfin à l’ensevelissement du corps les soins sacrés qu’il mérite. Comme les anciens Égyptiens qui eurent le pressentiment de la vérité, que vos cimetières deviennent de véritables nécropoles, où le corps incorruptible puisse attendre le jour du jugement. Faites mieux. Réclamez avec nous, à tous les gouvernements chrétiens, l’achat de la vallée de Josaphat. Creusons, bâtissons-y une immense cité souterraine — et que nos chers morts y reposent, prêts à se lever au premier signal de la trompette divine !

Il dit, et les cymbales enflèrent leurs voix menaçantes, les ocarinas modulèrent :

Un jour viendra, un jour terrible…

Puis un deuxième gentleman monta sur la chaise. C’était le chimiste de la bande. Il nous initia aux douceurs de la Dessiccation harmonique. Il nous enseigna l’art de conserver nos semblables par des saumures ingénieuses et des cuissons graduées, sans perdre une seule de leurs fibres :

Car les Égyptiens, chères sœurs et chers frères, sacrifiaient la cervelle et les viscères, dépôts sacrés de la vie, pour ne laisser qu’une forme vide… »

Encore la voix plaintive du fifre et les pleurs de l’accordéon, puis les membres de la Dessiccation