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LA BATAILLE

Et comme M. Villard le regardait fixement, étonné, M. Delestang dit à son tour :

— Nous avons lieu de croire, monsieur, que nous pouvons donner quelque avantage à celle des armées dont la victoire serait bienfaisante pour notre pays… Depuis deux ans nous travaillons à perfectionner des appareils qui auront sans doute leur influence sur les guerres futures. Nous désirerions les utiliser dans la guerre actuelle…

M. Villard s’était redressé. Il partageait la confiance de la nation dans ces savants si modestes et si pleins de mesure. Un peu ému, il demanda :

— Dois-je comprendre, messieurs, que vous avez inventé des engins ou des substances utilisables sur le champ de bataille ?

— C’est plutôt une méthode que nous avons perfectionnée, répondit M. Muriel, et pour laquelle il nous a fallu, naturellement, créer des appareils nouveaux… Nos expériences, dans les limites où nous avons pu les entreprendre, sont décisives. Tous nos calculs font prévoir qu’elles le seraient aussi dans une aire plus considérable. Aussi vous serions-nous reconnaissants de bien vouloir nous dire si vous voyez quelque inconvénient à ce que M. Delestang, avec une équipe de nos collaborateurs, et une troupe d’artisans choisis, aille offrir ses services au gouvernement autrichien.

M. Villard sentit que les savants désiraient ne pas faire connaître, même indirectement, la nature de leur « méthode ». Malgré sa vive curiosité, il