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Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/182

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CONTES. — PREMIÈRE SÉRIE

n’insista point. Il se borna à répondre, avec une diplomatique réserve :

— Individuellement, et en même temps que les membres de l’Institut Becquerel-Curie, vous êtes, messieurs, libres de faire ce que vous voudrez…

— Sans doute, intervint M. Delestang avec quelque impatience. Aussi ne venons-nous pas vous demander une autorisation que vous ne pouvez pas nous accorder. C’est un conseil, le plus officieux des conseils, que nous sollicitons du ministre des Affaires étrangères… et vous entendez bien qu’un secret absolu sera gardé sur notre démarche.

M. Villard hésita un moment, puis ses sentiments d’homme d’État patriote l’emportant sur toute considération diplomatique, il répondit :

— La France a un intérêt majeur à ce que l’Autriche triomphe dans cette guerre.

— C’est tout ce que nous voulions savoir, fit M. Muriel, qui se leva pour prendre congé.

— Comptez-vous sérieusement réussir ? s’écria le ministre.

— Le calcul des probabilités nous donne une quasi-certitude ! répliqua le savant.

M. Villard les regarda sortir et, lorsqu’ils eurent disparu, sa confiance s’évanouit : il pensait que les plus grands savants, les inventeurs les plus subtils s’abusent étrangement sur l’importance d’un nouvel engin de guerre.