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Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/184

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CONTES. — PREMIÈRE SÉRIE

plus de deux cent mille hommes : le demeurant devait suivre.

Tandis que l’Autriche-Hongrie se débattait dans le désordre et l’incertitude, la Sublime Porte ou plutôt le généralissime turc, un Allemand naturalisé, doué de facultés militaires presque géniales, et aidé par un état-major composé aussi, pour la plus grande partie, d’éléments germaniques, préparait sa campagne. Cinq semaines avant la déclaration de guerre, toutes les dispositions principales étaient prises. Quelques jours plus tard, Laufs-Pacha avait sous ses ordres plus de deux cent cinquante mille hommes qu’il acheminait, de leurs cantonnements respectifs, vers la frontière occidentale.

À l’époque où les troupes impériales faisaient irruption sur le territoire ottoman, Laufs-Pacha se trouva en mesure de leur opposer des forces plus nombreuses ; de plus, l’armement turc était meilleur, surtout l’artillerie ; enfin, l’état-major de Laufs-Pacha était de la plus haute qualité, encore qu’il comportât quelques pachas indigènes, fretin négligeable, habitué à une attitude passive, sauf pourtant un vieux favori du Sultan, Soleiman-Pacha, individu fruste, violent, plein des préjugés de la vieille Turquie, plein aussi d’instincts militaires rétrogrades, les instincts impétueux des Arabes et des Touraniens de la conquête.

Aux premiers jours d’août, les deux armées étaient en présence. La distance qui les séparait