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LA BATAILLE

II

L’Autriche-Hongrie, jusqu’au dernier moment, n’avait pas cru à la guerre. On avait bien esquissé quelques mouvements de troupes, pris des mesures éparses, préparé des ordres de mobilisation, mais, au jour décisif, il y eut beaucoup de désordre et d’incohérence dans les actes du ministère de la guerre comme dans ceux de l’état-major général. Le Saint-Empire donna l’impression qu’il n’était guère prêt à entreprendre une grande guerre. La division manifeste qui régnait entre les généraux, le flottement des éléments slaves augmentaient le désarroi.

Le jeune Ferdinand-Charles, aussi plein de bonne volonté que d’inexpérience, essayait d’intervenir et, en somme, faisait une besogne plutôt dangereuse. Cependant, on arriva, après une semaine de tâtonnement, à mettre près de trois cent mille hommes à la disposition du général en chef, le comte Auguste von Eberhardt, personnage déjà vieux, présomptueux, téméraire, et qui décida qu’une action hardie aurait vite raison d’ennemis que, au fond, il méprisait. Il lança son armée à travers la Bosnie et l’Herzégovine, et, vers la fin de juillet, il franchissait la frontière turque avec un peu