Aller au contenu

Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/198

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
184
CONTES. — PREMIÈRE SÉRIE

— Un parlementaire ! fit le maréchal. Que diable peuvent-ils nous vouloir ?

Il regardait l’aide de camp avec un mince sourire.

— Ma foi ! Excellence, répondit celui-ci, je n’en ai pas la moindre idée… À moins qu’ils ne veuillent traiter d’une capitulation !

Le maréchal haussa les épaules et hertza l’ordre de hisser un drapeau blanc.

Quelques minutes plus tard, deux cavaliers s’avançaient vivement vers les retranchements turcs. Rejoints en route par un peloton ottoman, ils apparurent bientôt, les yeux bandés, devant le généralissime. Ensuite, dans une chambre isolée, on ôta leur bandeau. C’étaient deux hommes dans la force de l’âge, l’un revêtu de l’uniforme de colonel, l’autre modestement engainé d’un complet veston. Laufs, entouré de quelques officiers de l’état-major, les reçut d’un air impassible.

— Nous sommes envoyés par Son Excellence le maréchal von Eberhardt, fit le colonel, après un moment de silence, pour vous faire une communication importante.

— Laquelle ? fit laconiquement le généralissime.

— Monsieur, reprit le colonel, avec une nuance d’embarras, le maréchal voudrait éviter une effusion de sang inutile. Il croit que les conditions dans lesquelles vous vous trouvez actuellement vous mettent dans un tel état d’infériorité, qu’il ne vous reste pas d’autre issue qu’une capitulation honorable.