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Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/199

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LA BATAILLE

Les officiers présents se regardèrent avec une indicible stupéfaction. Quelques-uns haussaient les épaules, les autres ne purent s’empêcher de rire. Laufs-Pacha garda sa gravité, encore qu’il eût été plus surpris que tous les autres :

— Monsieur, dit-il, il est incroyable que Son Excellence ait eu la pensée de m’envoyer un tel message, et il serait inconvenant d’y faire une réponse quelconque. Je vais donner l’ordre de vous reconduire. J’ai l’honneur de vous saluer.

Il s’inclina raidement et détourna la tête. Mais alors l’homme au veston prit à son tour la parole :

— Monsieur le maréchal, fit-il en mauvais allemand, veuillez me permettre de vous affirmer que, à l’heure qu’il est, vous n’êtes plus en état de vous défendre, à moins que vous ne croyiez possible de le faire à l’arme blanche. Sauf en ce qui concerne un certain nombre d’aérostats, vos munitions sont hors de service… Vous pouvez en avoir la preuve en ordonnant n’importe quel exercice de tir, avec n’importe quelle arme…

Le généralissime le regarda comme on regarderait un fou, mais devant les yeux clairs, acérés et intelligents de cet homme, il fut saisi d’un vague trouble. Toutefois, cela lui parut si absurde que, presque immédiatement après, il se mit à rire, un rire froid et silencieux. Puis, en homme d’action, qui dédaigne les propos inutiles, il alla ouvrir la porte, appela une sentinelle qui veillait