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CONTES. — DEUXIÈME SÉRIE

Quant à l’enveloppe, elle portait l’adresse suivante :

Maître Guillain, notaire,
0011 bis, rue Lamartine.

Je me rendis chez Me Guillain. C’était un notaire du type hilare. Il me reçut avec un air gai, sourit à mes premières paroles, se mit à rire aux suivantes et se tordit quand j’eus terminé ma phrase.

— Elle est bien bonne ! clamait-il. Elle est ahurissante… Monsieur, vous êtes… vous êtes l’héritier du sieur Bastien !

Tandis que je le regardais, bouche bée :

— Oui, monsieur, son héritier ! C’est-à-dire que vous toucherez dans cette étude même, quand tout sera en ordre, une somme d’environ trente-huit mille francs, tous impôts et tous frais déduits. Voilà la vie ! Et il y a des gens qui ne la trouvent pas joviale !…

Comme il n’y avait aucune raison pour gâter l’optimisme de ce brave homme, j’acquiesçai d’un sourire. Dans le fond, j’étais si ému que j’en aurais pleuré. Et quand j’eus reçu lecture du testament, et que Me Guillain m’eut lesté de tous les renseignements utiles, je m’en retournai chez moi, plein de tendresse pour mon vieux biffin…