vaincus, aspirent à la mort : il était très capable de se laisser choir dans la rivière… Le cœur me creva. Je savais qu’il avait travaillé pour moi et non pour lui-même ; l’idée de ses souffrances m’était beaucoup plus amère que celle de notre ruine.
Après un silence, il reprit :
— Ils sont trois qui rachèteront mes biens… Blanchard, Duprat et Ginguelaud… Ils se sont mis d’accord sur leurs parts respectives. À quelques centaines de francs près, je connais donc exactement la situation. Du moins, nous en tirerons-nous sans dettes !
Sa voix se brisa ; il se laissa tomber sur une chaise et se cacha le visage. Ce fut un de ces moments où l’on invoque confusément les puissances inconnues ; je pensais :
« Rien n’aura-t-il pitié de ce pauvre homme ?… »
La sonnette de la grille d’entrée retentit. Un adolescent au nez pointu se montra, en qui nous reconnûmes le saute-ruisseau de Me Bailleux, notaire à Sens.
— Pressé ! déclara ce visiteur en remettant une lettre à mon père, et, geste plus imprévu, une seconde lettre à moi-même.
Mon père décacheta morosement son enveloppe. Il lut quelques lignes en hâte, puis sa main se mit à trembler, il poussa un cri sourd et haletant :
— Ce n’est pas possible !