Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/304

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
290
CONTES. — DEUXIÈME SÉRIE

— Ce n’est pas impossible ! répliquai-je.

Il se tut encore. Puis il se mit à m’interroger, puis il me donna lui-même quelques détails sur la course qui avait abouti à sa léthargie.

Il me regardait fixement, il semblait m’observer jusqu’au fond de l’âme et peu à peu il me devenait sympathique : je le sentais fruste, rude, presque sauvage, mais loyal et sans mesquinerie. Il reprit :

— Savez-vous quoi ? Je cherchais un compagnon sûr… Quelqu’un avec qui je pourrais lutter contre les autres… Pourquoi ce compagnon ne serait-il pas celui qui m’a, peut-être, sauvé la vie plutôt qu’un autre ?… Je vais vous dire : j’ai découvert un placer…

Je ne pus m’empêcher de sourire, car mes déceptions m’avaient rendu sceptique. Alors, lui, silencieusement, tira un sachet de sa ceinture et d’un geste qui ne manquait pas de noblesse, me le tendit. Je l’ouvris, après m’être rapproché du feu, et je ne pus retenir un cri : le sac était plein de belles pépites d’or.

L’homme tint parole, acheva James-Edward Wymond ; nous exploitâmes ensemble le placer qu’il avait découvert et j’en retirai, pour ma part, un bénéfice net de cent mille dollars. Et voilà ma première grosse chance : avouez que mon énergie et mon habileté n’y eurent aucune part.