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LA JEUNE SALTIMBANQUE

Une heure plus tard, j’avais repris mon Pantagruel, et je lisais paisiblement, quand j’entendis une rumeur singulière. Comme je levais la tête, la grande porte claqua, Florence parut, tout échevelée, les mains tremblantes :

— Monsieur, cria-t-elle, je viens du verger… j’ai juste eu le temps de fuir… y sont là.

— Et qui donc est là ? fis-je, stupéfait.

— J’sais pas, monsieur. Je crois bien que c’est la bande à Foyart.

Quoique je ne sois pas lâche, je me sentis mal à l’aise. Cette bande à Foyart, composée d’individus féroces et braves, terrorisait un département voisin et avait, depuis plusieurs années, commis des crimes épouvantables.

— Combien sont-ils ?

— Ils sont quatre.

Je saisis la première arme à ma portée, une trique de chêne… Des vitres se brisèrent : les bandits, trouvant les portes fermées, entraient par les fenêtres. À tout hasard, je me précipitai vers le couloir ; si je pouvais arriver au premier étage, j’aurais des armes à feu pour me défendre. Au moment où je sortais de la chambre, je vis la jeune saltimbanque avec ses deux sœurs. Elle était aux écoutes, le regard tendu et tenait à la main un petit sac rouge…