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CONTES. — DEUXIÈME SÉRiE

Une forme massive parut au bas de l’escalier, barrant la route de l’étage.

— Rentrons ! dis-je aux petites.

Trois secondes plus tard, nous nous trouvions tous dans mon cabinet, la porte fermée à double tour et le verrou poussé. Un bruit de gros pas retentissait dans le corridor, et, pendant que les bandits se concertaient, j’eus le temps de tirer les volets aux croisées.

Florence allumait la lampe et des bougies.

À la fin, une voix rauque s’éleva, qu’accompagnait un coup de pied dans la porte :

— Ouvrez !… On vous fera pas de mal !

Toute réponse eût été vaine. Nous gardâmes le silence. Je tenais ma canne de la main droite et, de la gauche, j’étreignais un lourd presse-papier.

Brusquement, la porte fut défoncée ; quatre individus, le visage couvert de linges, où l’on avait percé des trous pour les yeux, apparurent.

À toute volée, je jetai mon presse-papier. Il dut atteindre un des envahisseurs, car un cri de rage retentit, suivi d’une détonation.

Et alors il se passa une chose fantastique. La jeune saltimbanque s’était placée devant moi ; elle avait extrait du sac rouge un couteau aigu, un de ces couteaux dont elle se servait, à la foire, pour ses jeux d’adresse ; elle visait, d’un air candide et attentif.

L’arme fendit l’espace et s’enfonça dans la gorge