Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/59

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A priori, cette conviction était encourageante. À la réflexion, elle inquiétait l’Oasite. De ce que l’eau avait jadis abondé, il ne s’ensuivait aucunement qu’elle fût prochaine. Au contraire ! Toutes les sources actuellement utilisées se trouvaient loin des endroits où le liquide de vie avait afflué… C’était presque une loi.

À trois reprises encore, la galerie parut finir en cul-de-sac ; chaque fois, Targ retrouva un passage. Elle se termina, cependant. Un trou immense, un gouffre apparut aux yeux de l’homme.

Las et triste, il s’assit sur la pierre. Ce fut un moment plus terrible que lorsqu’il rampait, là-haut, dans une galerie étouffante. Toute nouvelle tentative serait une amère folie. Il fallait revenir ! Mais son cœur se révolta contre sa pensée. L’âme des aventures s’éleva, accrue par l’étonnant voyage qu’il venait de faire. Le gouffre ne l’épouvanta plus.

— Et quand il faudrait mourir ? s’écria-t-il.

Déjà, il s’engageait entre des pointes de granit.

Abandonné à des inspirations rapides, il était descendu par miracle à une profondeur de trente mètres, lorsqu’il fit un faux mouvement et bascula.

— Fini ! soupira-t-il.

Il s’écroula dans le vide.